Appel à communicationsColloque international pluridisciplinaire Université de La Réunion et École Supérieure d’Art de La Réunion, France Gages d’affection et patrimoine de l’océan Indien Avec le soutien de l’Observatoire des Sociétés de l’Océan Indien (O.S.O.I.- FED 4127) Porté par les laboratoires DIRE (UR), OIES CRESOI (UR) et APILab (ESA)
16, 17 et 18 novembre 2023 Campus Moufia, U.F.R. Lettres et des Sciences Humaines, Saint-Denis (97400, France) Campus de l’École Supérieure d’Art de La Réunion, Le Port (97407, France)
« Le seul [véritable] don est une portion de soi-même. » (EMERSON 286)
Axé sur le sujet général des gages d'affection et de l’étude de la sensibilité dans les sociétés de l'océan Indien, le projet intitulé « Gages d’affection et patrimoine de l’océan Indien »[1] s'inscrit dans la continuité du colloque international de 2018 intitulé « Du gage d’affection à l’archive : Culture matérielle et domaine de l’intime dans les sociétés de l'océan Indien » et la publication en 2020 des actes de cet événement scientifique (voir https://lovetokens.sciencesconf.org). À l’ère des réseaux sociaux où les relations privées s’amorcent ou se poursuivent à distance et se dématérialisent, cartes, bouquets et baisers virtuels remplacent les gages d’affection traditionnels qui jusque-là avait permis de concrétiser la relation à l’être aimé. Inspiré par ces changements et s’intéressant de près aux témoins du sentiment et du discours amoureux à travers les siècles et dans toute leur diversité, le deuxième volet se décline en deux axes d’études principaux : - Un premier axe qui concerne la mise en valeur de fonds patrimoniaux de l’océan Indien (archives de presses, fonds muséographiques, archives familiales…), qu’ils se rapportent à des groupes, à des familles ou à des individus anonymes ou connus, à des artistes, des écrivains, des personnalités de premier ou de second plan des sociétés indianocéaniques. - Un deuxième axe, fruit d’un partenariat avec l’École Supérieure d’Art de La Réunion et son laboratoire APILab, dans lequel la réflexion sur les témoins d’amour s’articule autour de la notion de paysage.
Axe 1 : Archives, gages d’affection et sensibilité Il sera ici question de la découverte de fragments, de traces directes de la vie affective qui restent encore peu explorés. Révélateurs des sentiments privés comme l’a montré, dans le premier volume sur les gages d’affection, un article sur les nattes accompagnées d’inscriptions du Mozambique, les objets ont parfois le pouvoir de faire surgir l’âme des peuples ; c’est du moins ce que l’on pouvait déduire d’un autre article sur les statues totémiques du même pays (PELLEGRY, SAAYMAN, SYLVOS 187). Que l’on parle d’ « objet », de « chose », ou d’ « artefact », on s’intéressera aussi aux différents modes de conservation des gages d’affection, aux politiques de mise en valeur de ces éléments matériels (musées, bibliothèques, archives), à la question de notre rapport à l’histoire et à celle de la pratique des historiens. Comme le soulignait Michel de Certeau, « l’opération historiographique » est une opération « technique » à travers laquelle il s’agit de « mettre à part, de rassembler, de muer ainsi en ‘documents’ certains objets répartis autrement » (DE CERTEAU 84). À la frontière de l’intime et du public, les archives textuelles de ces gages d’affection seront également mises en valeur à travers l’étude de textes littéraires, paralittéraires, poétiques, d’extraits de presse ou d’écrits biographiques.
Axe 2 : Témoins d’amour et paysages de l’océan Indien À la croisée des champs de pensée et des disciplines, la notion de paysage fait, depuis deux siècles, l’objet de spéculations théoriques. Personnifiés, les arbres d'Hudimesnil agitent vers le narrateur proustien des « bras désespérés » et lui semblent comparables à des amis disparus (PROUST 145). Établissant un lien entre « territoire » et « affect », cette forme d’appréhension du monde environnant nous incite à interroger « la nature du regard et de la représentation » (BRIFFAUD 73). Il sera ici question de réfléchir au paysage, cette « composante essentielle du patrimoine culturel des territoires » (BOUCHE-FLORIN 43) et à ses représentations esthétiques, à travers le prisme des sentiments et des émotions. On considérera en l’occurrence les éléments matériels qui marquent le paysage de leur présence tels que, les arbres que l’on plante en hommage à des personnes disparues, les graffitis que l’on sculpte dans l’écorce des arbres, les lieux de mémoire, avec leur système d’échos - ainsi de Boris Gamaleya créant un parallèle entre La Réunion et la Russie - , leur cortège de rituels ou d’offrandes, les témoignages éphémères qui s’insèrent dans le paysage - messages d’amour inscrits sur des banderoles tractées dans les airs - mais aussi certaines représentations paysagères dans la mesure où ces dernières constituent des témoins d’amour. L’accent sera mis sur l’histoire du patrimoine paysager et de sa représentation dans des formes artistiques, son rôle et sa symbolique (culture, identité, etc.), mais aussi sur l’expression artistique au service de la valorisation du patrimoine.
Les propositions de communication aborderont des sujets qui pourront avoir une dimension écrite,visuelle (images, arts visuels), tactile (objets fabriqués, matériaux divers), gustative (colis de nourriture), sonore ou olfactive. Bien que le sujet soit centré sur les sociétés de l’océan Indien, les études liées à d’autres aires géographiques ne seront pas exclues dans la mesure où elles proposent une approche comparative pertinente avec un pays de la zone de prédilection. Cet appel concerne aussi les propositions artistiques et donnera lieu à une exposition ainsi qu’à une programmation d'œuvres vidéographiques. Seront privilégiés les œuvres numériques et/ou celles qui sont imprimables sur le territoire de l’île de La Réunion.
Les propositions (400 mots maximum) seront à renvoyer par courriel, avant le 1er avril 2023, accompagnées d’une courte notice biographique aux organisateurs de l’événement :
Bureau de la recherche de l'École Supérieure d'Art de La Réunion, bdr@esa.re Florence Pellegry, florence.pellegry@univ-reunion.fr Françoise Sylvos, francoise.sylvos@wanadoo.fr
Le résultat de la sélection des propositions sera communiqué le 2 mai 2023.
Les propositions seront étudiées par le comité scientifique de la conférence :
Pierre-Henri Aho (Bibliothèque Départementale de La Réunion) Mounir Allaoui (ÉSA La Réunion) Markus Arnold (Université de Cape Town) Serge Bouchet (Université de la Réunion) César Cumbe (Université Pédagogique de Maputo) Diana Madeleine (ÉSA La Réunion) Florence Pellegry (Université de La Réunion) Pedro Pombo (University of Mauritius) Valentina Ponzetto (Université de Lausanne) Colette Pounia (ÉSA La Réunion) Sandra Saayman (Université de La Réunion) Laurent Segelstein (Chercheur associé au APILab, ÉSA La Réunion) Françoise Sylvos, (Université de La Réunion)
Les présentations en français ou en anglais seront de 20 minutes, suivies de 10 minutes de discussion. Une sélection d’articles sera publiée dans un ouvrage collectif à l'issue de ce colloque.
Langues de travail : anglais, français
Mots-clés : océan Indien, gages d’affection, culture matérielle, patrimoine, sensibilité, économie du don, archives, paysage
Bibliographie des sources citées - BOUCHE-FLORIN Luc-Émile, « À quoi sert le paysage ? », Outre-Terre, vol. 33-34, n°3-4, 2012, pp. 43-52. - BRIFFAUT Serge, « Quand le paysage vint à l'image », Christian Germanaz, Vilasnee Tampoe-Hautin, Florence Pellegry, Image et savoir. Interrogation transversale, PUI (Presses Universitaires Indianocéaniques), Saint Denis, 2019, pp.73-90. - DE CERTEAU Michel, L’Écriture de l’histoire, Paris, Gallimard, 1975. - EMERSON Ralph Waldo, The Complete Writings of Ralph Waldo Emerson, New York, Wm. H. Wise & Co., 1929. - PELLEGRY Florence, SAAYMAN Sandra, SYLVOS Françoise eds., Gages d’affection, culture matérielle et domaine de l’intime dans les sociétés d’Europe et de l’océan Indien, Saint Denis, PUI, 2020. - PROUST Marcel, À la recherche du temps perdu, tome 4 : À l'ombre des jeunes filles en fleur, Paris, Gallimard, 1919.
[1] Il s’agira ici de la zone océan Indien dans son ensemble, le « monde insulaire » de la zone sud-ouest de l’océan Indien (Réunion, Mayotte, Comores, Madagascar, Maurice, Rodrigue et les Seychelles), les pays bordiers du continent africain (Afrique du Sud, Mozambique, Tanzanie etc.), mais aussi l’Inde, le Sri Lanka, l’Iran et le Pakistan, la partie orientale de la zone (Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Australie, Philippines etc.), sans oublier les îles isolées de l’océan Indien (Maldives, Îles Laquedives) ainsi que les Terres Australes et Antarctiques. |
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